Les fêtes de fin d'année - 18 Décembre 2024

 

Il fallait bien aborder le sujet, on y est !!

J'ai le sentiment que ces fêtes sont de plus en plus difficiles à supporter pour de nombreuses personnes et on est obligés de s'interroger : Pourquoi ? Autour de moi, j'entends souvent "Vivement que ces fêtes soient passés". Bien sûr, plusieurs raisons en sont la cause.

En premier : La famille ! Ah cette foutue famille qu'on se doit d'aimer coute que coute (bah oui, c'est la famille quand même...) et qu'on doit endurer le temps d'un repas voir plus si on habite loin. Cette délicieuse citation selon laquelle "on choisit ses amis mais pas sa famille" remonterait à très loin, peut-être à Napoléon III, c'est dire depuis combien de temps, nous sommes conscients de cela mais que malgré tout, face à la pression de la "bonne éducation " et des traditions, nous nous confrontons toujours à ces repas calamiteux.

Pour ma part, j'adorais Noël, cela remonte certainement à ma petite enfance comme beaucoup d'entre nous, je présume. Je décorais ma maison, j'achetais des boules transparentes que nous décorions nous mêmes avec mes enfants. Nous déposions de la fausse neige sur les vitres des fenêtres de la maison, faisant croire à un extérieur recouvert d'un manteau blanc, attendant patiemment l'arrivée du traineau. Les rues se revêtaient de leurs guirlandes colorées et brillantes, et certains chants accompagnaient nos courses aux cadeaux et aux victuailles. Puis, quand arrivait enfin le jour fatidique, l'enfer s'installait sournoisement, la pression du repas qui se devait d'être à la hauteur de cette fête, prenait une dimension dont je perdais le contrôle. S'en suivaient les inévitables remarques accompagnés des tout aussi faux "c'est pour toi que je dit ça". Malgré que nous tentions systématiquement de faire au mieux pour contenter toute la tribu, ils s'en suivaient toujours des "ta volaille, tu aurais dû la faire cuire comme ça", "t'as pas sorti ton fromage assez tôt", "c'était lourd comme dessert non ?" etc... Sans oublier l'humeur changeante de mon père ou son appétit de provocation pour attiser les uns ou les autres et faire monter la mayonnaise indigeste des conversations.

Dans les familles, il y a toujours tous types de personnalités qui, de fait, ne sont pas toujours faites pour s'accorder : le timide qui va s'effacer en priant qu'on l'oublie face à tous ces regards risquant de se braquer sur lui, la célibataire qui redoute chaque année les "Alors, t'as toujours pas trouvé chaussure à ton pied ? faudrait t'y mettre quand même, le temps passe tu sais...", celui qui a toujours tout vu et tout vécu et qui va faire briller sa petite personne aux moyens de discours égocentrés, celle qui détient la meilleure recette des fêtes de fin d'année et qui va insister pour nous la faire partager, de l'achat de la bête chez Trucmuche jusqu'à sa façon de la servir en passant par le rajout du clou de girofle indispensable à la réussite du plat, le comique, lui, est divisé en deux partie : celui qui fait vraiment rire son public et celui dont ce dernier va devoir le subir toute la soirée ! Il en reste quelques autres : ceux qui sont de bords politiques radicalement opposés et qui vont tenter à tout prix de faire entendre raison à l'autre, la jalouse qui constate qu'elle ne s'est pas suffisamment apprêtée et aurait dû mettre la robe qu'elle avait choisi en premier, l'ado de la famille a qui on pose toujours les mêmes questions dont il se fout royalement "Alors, t'en es ou dans tes études?" et qui donnerait tout ce qu'il a pour retourner dans sa chambre jouer peinard sur sa PS, sans oublier nos adorables petites têtes blondes qui, magnifiquement habillés et coiffés en début de soirée, finissent par se transformer au fur et à mesure du repas en petits diables courant partout en hurlant, pleurant, geignant et reniflant, ne ressemblant plus qu'a des épouvantails à moineaux la morve au nez.

En deuxième : Les cadeaux ! Et oui, on aurait du mal à le croire, mais cela peut-être également source de gêne, voir de méprise.

Comme le disait ma grand-mère "Nous on avait une orange et on ne s'en plaignait pas !" Qu'il est loin ce temps là Mamie...

Aujourd'hui, tout est bien différent, c'est la course aux cadeaux : celui qui en fera le plus, le plus cher, le plus gros, etc... La course à la consommation est lancée !! Et dans le cas ou nous, pauvres ignorants que nous sommes, ne l'aurions pas compris, on nous martèle dès le mois d'Octobre qu'il ne faut pas oublier d'offrir les plus beaux cadeaux pour le Noël qui approche à grand pas ! (C'est comme l'installation des fournitures scolaires dès fin juin qui me donne déjà la nausée).

Et le pire dans tous ça, c'est que nos marmots adorés sont déjà tellement gavés de jouets de toutes sortes, qu'on ne sait même plus quoi leur offrir puisqu'ils ont presque tout. Sous le sapin, se tient un amoncellement de cadeaux, le recouvrant de moitié. Quand le lâcher de mioches est lancé, ça déchire et ouvre avec fracas puis passe au suivant sans même se rendre compte de ce que la boite contenait. Lorsque la frénésie s'achève, au milieu d'un tas de papiers, bolducs et cartons qui prendront la place de deux bennes à ordures, nos petiots se calment enfin, se fixant la plupart du temps sur un seul jouet, on verra les autres plus tard... ou pas !

Pour nos ados, ne croyant plus au papy à barbe blanche depuis belle lurette, leurs demandes se "limitent" à de l'argent. Mais là encore, après l'ouverture de la petite carte de Noël, la joie du début peux faire place à une désillusion apparente tant leurs désirs s'effritent face à la dure réalité : non, nous ne sommes pas Crésus.

Et puis, et puis, il y a les autres, ceux dont on ne parle pas, ou si peu, pour ne pas ternir nos moments de fêtes réjouissantes : les pauvres, ceux qui sont seuls, qui n'ont ni famille, ni argent, ni amis et même certains, ni toit sur la tête. Ceux qu'on ne regarde plus, à qui on ne parle plus, ceux qui se sont effacés de force de la vie, ceux qu'on a oublié depuis trop longtemps, ceux qui n'ont que la solitude comme compagnie. Ceux qui vivent dans ce monde parallèle, regardant les autres s'affairer et courir frénétiquement, les bras chargés de provisions et de sacs débordant de cadeaux, comme les vaches observant les trains passer. Ceux qui s'excusent devant leurs enfants de ne pas pouvoir leur offrir davantage qu'une guirlande solitaire posé sur la table, qu'un plat quotidien (parfois bien moins) et qu'un modeste et unique cadeau (s'ils ont la chance d'en recevoir). La rentrée des classes en Janvier est alors, pour ces enfants, une source terrible d'angoisse, en devant comparer et annoncer leur piètre présent. C'est loin d'être la fête pour tout le monde.

Finalement, entre ceux qui subissent leurs familles, leurs réflexions toutes plus bienveillantes les unes que les autres, les personnalités dont on se passeraient bien et qu'on ne voit que lors de ces réunions traditionnelles, les enfants branchés sur piles dont on aimeraient tant trouver le bouton off, les désillusions, les déceptions face aux cadeaux "ratés" ou absents et ces autres qui n'ont même pas la chance de subir quelques familles que ce soient ni les cadeaux ni les mets qui vont avec; oui finalement, nous en sommes ou de cette fête ? Est-ce que cette consommation excessive est la meilleure réponse à une fête au demeurant religieuse et qui nous fait détourner le regard face à ceux qui n'ont rien ? Est-ce que cette fête doit nous obliger à subir une famille qui ne nous correspond plus et qui engendre des tensions prévisibles ? Est-ce que, enfin, cette fête doit abreuver nos enfants à l'excès pour les satisfaire ?

Ne pouvons-nous pas revenir à la source, un repas avec ceux que nous aimons, famille ou pas, pour partager ensemble un repas simple et non pantagruelique dont on mets deux jours à s'en remettre ? Aider ceux qui n'ont rien, à avoir, au moins ce soir là, un minimum ? Réduire la masse de cadeaux, qui se perdent eux-mêmes, pour nos enfants qui ont déjà la chance d'avoir un toit, un repas chaud, des vêtements à se mettre, et tout ce dont ils ont besoin ? Et par la même occasion, arrêter cette surenchère de publicités, décorations, et mise en place des cadeaux en rayons en octobre et qui fini par nous dégouter dès le mois de novembre ?

Nous perdons, dans cette surenchère traditionnelle, la valeur intrinsèque de Noël : le partage et l'amour au profit de la surconsommation, de l'égoïsme, du faux et de l'hypocrisie. Nous nous perdons nous mêmes.

Je précise que je suis athée, née en France, un pays catholique, je reste forcément imprégnée de ces traditions, mais qui ont tant perdu de leur essence fondamentale.

Et pour vous, c'est comment ?