Lettre à P.

 

C'est pour moi que j'écris cette lettre, pas pour toi. Car il n'y a plus rien à en tirer.

Mais pour moi par contre, elle est nécessaire, primordiale. Pas pour comprendre, car il n'y a rien à comprendre, mais pour y vomir ce que je ressens.

Tu as retourné ta veste et m'a jeté comme un vieux mouchoir, au bout de 15 ans d'amitié, sans chercher à savoir si j'avais mes raisons, sans chercher à comprendre, seulement à écouter ceux qui ont bavé sur mon compte comme ils l'avaient toujours fait. C'est toi, tu te souviens, qui disait souvent à propos de B. :" Oh avec lui, c'est toujours le dernier qui a parlé qui a raison". Je comprends mieux pourquoi tu le disais si souvent, c'est une phrase qui résonne en toi.

Je t'ai exposé une partie de mes raisons, qui étaient justifiés, n'en déplaisent à certaines. Mais ce que tu ne sais pas, c'est qu'une partie de ces raisons, a participé à mon départ. Celles et ceux qui ont déballé des choses fausses sur moi, ont fait la même chose sur toi et ce, durant des années.

Tu es bien naïve P. de croire à leurs larmes de crocodile alors qu'ils ont vomi sur ton dos tant de fois ! Et que ce soit la direction ou tes supers collègues, chacun y est allé de bon cœur. J'ai entendu des choses atroces sur ton compte : que tu ne savais pas travailler, bonne à rien, que tous les soirs c'était le même rituel (à 16h55, pipi. 16h58 remaquillage et 17h partie), que sans moi tu n'étais pas capable de prendre le métro, ni de prendre tes billets de train, ni de choisir ton plat au menu du resto, ni de faire un courrier aux clients pour l'augmentation tarifaire ou le courrier pour le catalogue, que t'étais juste bonne pour l'administratif, que tu savais même pas remplir mon tableau des collections. Et je ne parle même pas des réflexions sur le fait que tu ne voulais pas aller aux différents salons parce que, je cite "elle a toujours un rdv médical comme par hasard" ou chaque fois qu'il neigeait j'entendais "y'en a une qui sera en télétravail, comme d'hab, la bonne excuse !". Et tellement d'autres !...

Tes chères collègues, comme A., M., et I. t'ont bien démonté, chaque fois que tu étais absente, tu étais rhabillée pour l'hiver. Elles t'ont toutes critiquées, ces langues de putes qui passaient leur temps à dauber sur les autres comme elles le font sur le mien en ce moment. Ce sont des femmes frustrées, aigries et jalouses. Cette ambiance de travail, qui s'enlisait de plus en plus, m'a écœuré. Dès que j'avais une conversation personnelle, la A. allait courir dans le bureau de M. pour lui raconter ce qu'elle avait entendu. Elle était jalouse de moi à en crever et jusqu'à essayer de s'habiller à ma façon. Je la plains, vraiment.

M. n'a jamais supporté que je lui rentre dedans quand elle m'a prise à partie devant les autres. Elle n'avait pas à le faire. Elle n'avait pas non plus à divulguer des informations personnelles comme elle le fait avec tout le monde. C'est une faute professionnelle. Elle m'en a toujours voulu et a réglé ses problèmes personnels par le biais de la boite. Cela s'appelle de l'incompétence et de la bêtise. 

Quant à nos jolies larmes de crocodiles de la part de B., tu en as pris pour ton grade autant avec lui. Il a médit sur ton dos de la même manière que les autres. Et C. aussi, quand on se retrouvait seuls au resto, les trois quart de la conversations était sur ton compte, et il se défoulait, ça y allait !

Tu vois, moi, l'amie bannie, je ne t'ai rien dit de tout cela, parce que, te connaissant comme je te connais, je savais que ça te ferais du mal. J'ai préféré te protéger de ça. Quelle conne je suis !

Tu as raison de leur lécher les pompes à tous, ils le méritent tellement. 

Je suis partie parce que tous ces gens me donnaient la nausée et que je n'en pouvais plus de bosser dans cette ambiance là. Ma santé s'est dégradée plus que ce que j'en ai dit et je n'en ai parlé à personne car des gens comme ça sont incapables de comprendre quoi que ce soit. Ce sont des personnes tellement limitées, bloquées dans leurs certitudes, aigries et rassurées quand elles peuvent descendre les autres. C'est leurs vies nauséeuses.

J'ai pensé bêtement que tu étais différente et c'est pour cette raison que je me suis, un peu, confiée à toi. J'attendais un réconfort, un soutien, au moins une compréhension, j'ai reçu un beau rejet.

La dernière fois que je t'ai eu au téléphone et ou tu m'as raconté les larmes de crocodiles, je me suis dit que j'allais mettre un peu de distance pour t'éviter de te retrouver dans une situation embarrassante. Et puis le temps a passé, et je me suis rendue compte que tu ne prenais plus de mes nouvelles et là j'ai compris que tu m'avais tourné le dos sans explication.

Mais encore une fois, tu as raison d'aller dans leur sens, ils sont, tous autant qu'ils sont, tellement fiables, honnêtes et droits. Le principal, c'est qu'ils te feront un joli cadeau pour fêter ton départ...

Quand tu seras partie, dans quelque mois, et que tu auras les oreilles qui sifflent, au moins, maintenant, tu sauras pourquoi.